Morceaux choisis d’un énorme succès

Nous sommes en 1981. Celui qu’on surnommait The Computer Kid, était payé une fortune pour concevoir des jeux vidéo, chose peu commune pour l’époque!

Eugene Evans, c’est son nom, n’a alors que 16 ans. Pourtant il réussit à décrocher un emploi de concepteur de logiciels dans une entreprise de Liverpool et gagne plus de 75 000 dollars américains par année. C’est l’équivalent de la valeur de deux maisons de ville!

Fils d’un chauffeur de bus, Eugene gagne sept fois plus que son père. Bien qu’il soit en bonne voie pour devenir millionnaire, Whizz Kid, comme on le surnomme aussi, reste modeste par rapport à sa réussite.

Whizz Kid et Imagine Software

En 1982 il fonde Imagine Software à Liverpool, en Grande-Bretagne, avec cinq autres développeurs de jeux vidéo, dont trois anciens membres de Bug Byte Software une entreprise fondée en 1980 par Tony Baden et Tony Milner, deux diplômés en chimie d’Oxford. Bug Byte Software fut l’une des premières à développer une gamme de jeux informatiques 8 bits au début des années 1980, pour Sinclair, Commodore et d’autres marques d’ordinateurs domestiques, notamment pour le Spectrum

Eugene Evans dans ABC Informatique

Imagine se fait rapidement remarquer, surtout pour le style de vie très ostentatoire de ses employés qui accumulent les voitures de sport.

À son apogée Imagine Software emploie 103 personnes. L’entreprise de logiciels édite toute une série jeux pour les ordinateurs domestiques 8 bits, dont le Commodore Vic-20, le C64 et le ZX Spectrum. L’un des titres les plus connus est Stonkers, un des premiers jeux de stratégie en temps réel.

L’entreprise mise beaucoup sur l’image de personnalités comme Eugène Evans. Elle se distingue par ses publicités à gros budget, chose inhabituelle pour son temps, et par des jeux vidéo présentés dans des emballages particulièrement soignés. De ces points de vue, les fondateurs d’Imagine sont des précurseurs de ce qui allait devenir le marché du jeu informatique des décennies plus tard.

Malgré son succès la compagnie s’effondre deux ans après sa création, croulant sous d’importantes dettes et à cause d’une mauvaise gestion. La BBC y consacre même un documentaire en 1984.

D’anciens employés d’Imagine fondent ensuite Psygnosis, qui se spécialise dans le développement de jeux pour les ordinateurs ATARI ST et Commodore Amiga. Psygnosis fermera ses portes en 2012. D’autres fondent Denton Designs, toujours à Liverpool. L’entreprise, qui se fait remarquer par des succès de jeux destinés aux ordinateurs Amstrad CPC, Commodore 64 et ZX Spectrum, fermera ses portes, quant à elle, en 1995.

Eugene n’a pris part ni à l’une ni à l’autre.

Imagine, l’époque des méga jeux

Les « méga jeux » d’Imagine étaient destinés à étendre les capacités du ZX Spectrum et du Commodore C64 en y ajoutant un add-on matériel (contenant par exemple de la mémoire ROM supplémentaire et parfois d’autres matériels). Leurs jeux se vendaient à un prix moyen de 30 Livres Sterling ce qui était élevé (environ quatre fois le coût d’un jeu standard à l’époque).

Le matériel servait également de dongle, ce qui permettrait de lutter contre le piratage. Particulièrement deux titres furent fortement médiatisés par des publicités aguicheuses : Psyclapse pour le C64, un jeu d’action fantastique, et Bandersnatch pour le Spectrum, un jeu d’action-aventure de science-fiction.

L’effondrement d’Imagine révélera que ces deux jeux n’étaient guère plus que des vaporware, et que le matériel lui-même s’était avéré trop coûteux à produire, peu importe de quelle quantité on aurait parlé. Bandersnatch allait surgir de ses cendres en tant que premier jeu de Psygnosis, sous le nom de Brataccas pour l’Atari ST et Amiga.

Eugene aujourd’hui

Au moment d’écrire ces lignes Eugene Evans est Vice-Président du développement des affaires chez Wizards of the Coast, une compagnie propriété de Hasbro dont le siège social est à Renton non loin de Seattle dans l’État de Washington. À l’origine la compagnie se spécialisait dans l’édition de jeux de rôle traditionnels (The Gathering, le jeu-culte Dungeons & Dragons) avant d’entamer un virage numérique et de proposer aussi des jeux vidéo pour PC et consoles.

Quelques ordinateurs des années 1980. Des noms tels que ZX81, Spectrum, C64, VIC-20 ou encore Dragon32 puis Dragon64 ou Alice étaient alors très en vogue et faisaient rêver de nombreux passionnés d’informatique!

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